Agadir vu par l’architecte M. Bouaida
Mohamed Salem Bouaida a étudié à l’École d’Architecture de Bruxelles. Puis, il entra comme Architecte à la Délégation de l’Urbanisme d’Agadir et rencontre Patrice Le Tixerant avec qui il va collaborer. En 1981, l’architecte ouvrit son propre cabinet. Il a conçu entre autre le Lycée français d’Agadir.
Quels bâtiments à Agadir sont fonctionnalistes ?
M. S. Bouaida : Le modèle fonctionnaliste n’est pas autant présent que le modèle brutaliste dans le cas de la ville d’Agadir. Les bâtiments sur Agadir qui se rapprochent le plus de ce style sont également brutalistes. Ce style est représenté par l’Immeuble A situé en face du marché municipal ou encore du bâtiment de La Poste ayant une forme de boite au lettre et conçue par l’architecte Zevaco.
Quels bâtiments sont brutalistes ?
M. S. Bouaida : Tout d’abord il faut rappeler que le brutalisme est un style architectural datant des années 60-70. Le terme brutaliste vient du mot brut relatif au béton brut.
Tous les projets qui ont été exécutés à Agadir par l’administration du Haut Commissariat à la suite des années 60 ont été principalement influencés par ce mouvement brutaliste en vogue à l’époque.
Il y a de nombreux bâtiments rappelant ce style architectural comme le cas de la tour des Pompiers, de la poste d’Agadir ou encore du collège Souss El Halima.
De nombreux architectes comme : Azagury, De Mazières, Rioux , Amzallag, Tastemain ainsi que Faroui ont pu apporté leur aide à la reconstruction de la ville d’Agadir après le tremblement de terre et ainsi révolutionné le modèle architectural de la ville.
Quelle est la différence entre ces deux styles ?
M. S. Bouaida : Le fonctionnalisme est un principe selon lequel la forme des bâtiments doit être exclusivement l’expression de leur usage. Or ces deux styles ne sont pas forcément différents dans la mesure où l’on peut avoir une architecture à la fois fonctionnaliste et brutaliste, c’est le cas de certains bâtiments à Agadir comme la Tour des Pompiers.
Quelle est votre opinion sur l’architecture d’Agadir, après le tremblement de terre de 1960 ?
M. S. Bouaida : L’architecture post-tremblement de terre entre les années 60-70 pendant la reconstruction d’Agadir a été centralisée par le Haut Commissariat à la reconstruction d’Agadir (HCRA) ainsi que des entreprises de bâtiment professionnelles. C’est cette phase qui a généré cette architecture moderne brutaliste des années 60.
Suite à la dissolution du HCRA au milieu des années 70, la gestion de la ville a été confiée à la collectivité locale. C’est à partir ce moment-là qu’il y a eu une rupture brutale entre le travail opéré par le Haut Commissariat et celui de la collectivité. Ce déclin se manifestera avec une certaine incohérence urbaine entre des bâtiments ou encore par la défiguration des travaux du HCRA.
Quel est votre bâtiment préféré à Agadir ?
M. S. Bouaida : Selon moi, l’un des bâtiments reflétant le plus la révolution urbaine ayant eu lieu à Agadir est bel et bien celui de La poste. Dans la mesure où ce dernier est l’un des meilleurs ambassadeurs du genre brutaliste et également l’un des plus anciens patrimoines architecturaux de la ville.